8 mai 2017 1 08 /05 /mai /2017 20:04
Coucou manioc et kio, Beaugendre ensorcelée, bassin carrelé et coeur serré

Coucou manioc et kio, Beaugendre ensorcelée, bassin carrelé et coeur serré

Jacques a dit beaucoup de choses dans sa vie. Tout au moins j'ai beaucoup entendu, dans les nombreux instants partagés.

 

Jacques c'est Jacques Fournet. Je sais que c'était un grand botaniste mais ce n'est pas à un botaniste que je pense quand je pense à lui.

 

Il a dit beaucoup, mais jamais trop souvent, jamais en se répétant. Juste ce qu'il fallait. Et tout le monde l'écoutait.

 

Il disait des choses des plantes c'est vrai. Imaginez qu'il pouvait citer le nom de presque toutes les plantes qui habitent dans le beau pays de Guadeloupe. En français, en latin et parfois en créole si le mot existait. 

 

Lorsqu'en janvier dernier il a parlé de son parcours, lors de l'hommage rendu à l'initiative du Conservatoire botanique, sa conclusion a été la suivante : "Ah c'est vrai que maintenant j'ai un peu tendance à oublier le nom des plantes. Heureusement que j'ai fait une flore, je peux regarder dedans !".

 

Mais il disait aussi des choses de toutes sortes. Des blagues chuchotées à l'oreille pendant les réunions. Des anecdotes sur les collègues (avec malice mais jamais méchanceté). Des opinions politiques étayées. Des choses sur l'entraide.

 

Jacques a dit ne pleurez pas. Le Toto-Bois essaie. Et si une larme roule, ce sera pour glisser sur les feuillages de la forêt.

 

Un souvenir en images

 

 

9 mars 2017 4 09 /03 /mars /2017 19:03

Tout jeune caneton, je les avais en horreur. Le soir venu, si l’une d’elles avait l’impudence d’exhiber ses pattes velues, il n’était plus question pour moi de fermer l’œil sans qu’elle ait été traquée et mise hors d’état de nuire, fallut-il vider la mare pour la déloger ! J’étais arachnophobe comme ils disent…

 

Faut dire qu’elles ne sont pas rassurantes à grouiller du sol au plafond. A quoi ça peut bien leur servir d’ailleurs d’avoir autant de pattes ? Quatre ça suffit non ? Six à la rigueur… mais huit ! Et qu’est-ce qu’elles dissimulent comme ça dans leurs cachettes sombres ? Est-ce qu’elles n’auraient pas quelque chose à se reprocher par hasard ? Moi je dis que c’est louche… Enfin bon, toujours est-il qu’elles sont des dizaines, sinon plus, à avoir payé de leur vie le prix de mes angoisses. Mais à force de les vaincre sans péril, j’ai dû me rendre à l’évidence : elles ne sont pas si terribles et il n’y a aucune gloire à triompher d’elles.

 

Alors j’ai commencé à les considérer différemment, à les tolérer, à les regarder plus attentivement, avec une curiosité toujours plus sereine. Et chemin faisant, la peur s’est muée en une forme d’admiration. Oh bien sûr les plus impressionnantes d’entre elles me tiennent toujours en respect. Mais après tout, n’est-ce pas là tout ce qu’elles méritent… du respect ?!

 

Vous qui lisez ceci, abandonnez tout préjugé et acceptez cette courte incursion dans le monde étrange des araignées, de Guadeloupe et d’ailleurs. Et n’ayez crainte ! Contrairement aux idées reçues, aucune espèce n’est capable de vous pondre sous la peau…

 

[N.B. : toutes les photos qui suivent ont été prises en Guadeloupe]

Cf. Eustala sp. sur fond de Gaïac (famille des Araneidae)

Cf. Eustala sp. sur fond de Gaïac (famille des Araneidae)

Pour commencer, accordons-leur le respect dû aux ainés, car les araignées sont apparues il y a environ 390 millions d’années, soit 170 millions d’années avant les premiers dinosaures ! Elles ont depuis traversé les âges et se sont adaptées à un environnement en perpétuel changement, tant et si bien qu’elles ont survécu à quatre épisodes d’extinction massive. Loin d’être cantonnées à nos maisons, elles se rencontrent aujourd’hui dans presque tous les milieux, dans les prairies et les forêts, en plein désert ou sous la glace, du fond des grottes jusqu’aux flancs de l’Everest à plus de 6 500 mètres d’altitude, résistant à des températures comprises entre -25°C et 45°C. Une espèce, Argyroneta aquatica, est même connue pour vivre sous l’eau, à l’aide d’une bulle d’air emprisonnée dans du fil de soie (https://www.youtube.com/watch?v=JqyhhSzv4Hs), tandis que d’autres (de la famille des Pisauridae) sont capables de plonger plusieurs minutes sous l’eau pour capturer leurs proies : des invertébrés aquatiques, des têtards, voire de petits poissons. Bref, où que vous alliez – sauf en Antarctique – elles vous auront précédé, alors autant cohabiter sereinement.

Araignée d’eau douce (famille des Pisauridae)

Araignée d’eau douce (famille des Pisauridae)

Comme toujours dans la nature, c’est sa diversité qui permet au vivant de s’adapter à son environnement. Ainsi, après des centaines de millions d’années d’évolution, on recense aujourd’hui quelque 45 000 espèces de par le monde. Les araignées – qui ne sont pas des insectes mais des arachnides au même titre que les scorpions et les acariens – possèdent toujours huit pattes (les insectes en ont six), un abdomen, un céphalothorax (la tête et le thorax sont réunis contrairement aux insectes) et quelques autres attributs bien pratiques pour bouger, bondir, voler, palper, chasser, ligoter ou encore séduire (chélicères, pédipalpes, filières et autres glandes à venin…). Pour le reste, on trouve de tout. Les yeux, le plus souvent au nombre de six ou huit (pratique pour la chasse !), peuvent être réduits à quatre, deux, voire zéro pour certaines espèces vivant dans des cavernes. Leur taille est elle aussi très variable mais – n’en déplaise aux semeurs d’angoisses – leur corps ne dépasse jamais les 15 centimètres et la moyenne globale est de 5 petits millimètres seulement…

Heteropoda venatoria mâle (famille des Sparassidae) et femelle portant ses petits dans un cocon.Heteropoda venatoria mâle (famille des Sparassidae) et femelle portant ses petits dans un cocon.

Heteropoda venatoria mâle (famille des Sparassidae) et femelle portant ses petits dans un cocon.

De belle taille (~10cm pattes étendues) et régulièrement rencontrée dans les maisons antillaises, la Babouk peut mordre pour se défendre mais elle n’est pas dangereuse et fuit le plus souvent.

Salticidae - Lyssomanes sp. et Tetragnathidae - Alcimosphenus licinus (photo de Nicolas Barré)Salticidae - Lyssomanes sp. et Tetragnathidae - Alcimosphenus licinus (photo de Nicolas Barré)

Salticidae - Lyssomanes sp. et Tetragnathidae - Alcimosphenus licinus (photo de Nicolas Barré)

Araneidae - Gasteracantha cancriformis, présente de nombreuses variantes de couleurs (jaune et rouge, rouge et blanc, blanc et noir, noir et jaune…)

Araneidae - Gasteracantha cancriformis, présente de nombreuses variantes de couleurs (jaune et rouge, rouge et blanc, blanc et noir, noir et jaune…)

Araignée lamentinoise indéterminée (avis aux experts !)

Araignée lamentinoise indéterminée (avis aux experts !)

Au premier coup d’œil, beaucoup d’araignées peuvent sembler assez ternes, mais à y regarder de plus près, elles sont nombreuses à arborer des dessins complexes, parfois associés à des formes excentriques et à des couleurs vives : rouge, vert, jaune, orange, bleu, violet…

L’Argiope argenté Argiope argentata (famille des Araneidae) est courante en Guadeloupe. Elle tisse ses toiles géométriques dans la végétation de milieux ouverts et souvent secs.L’Argiope argenté Argiope argentata (famille des Araneidae) est courante en Guadeloupe. Elle tisse ses toiles géométriques dans la végétation de milieux ouverts et souvent secs.

L’Argiope argenté Argiope argentata (famille des Araneidae) est courante en Guadeloupe. Elle tisse ses toiles géométriques dans la végétation de milieux ouverts et souvent secs.

La grande diversité des araignées se manifeste également dans leurs comportements.

Une vingtaine d’espèces dites « sociales » sont connues sous les Tropiques. Elles peuvent constituer des groupes de dizaines de milliers d’individus parfaitement coordonnés, chacun œuvrant pour la communauté, un peu comme les fourmis ou les abeilles. Mais pour les autres espèces – c’est-à-dire à peu près toutes –, la phase sociale ne concerne que les nouveau-nés pendant quelques jours ou semaines, après quoi chaque individu part vivre en solitaire. Il adopte alors les comportements propres à son espèce, qu’il s’agisse de se nourrir, de se loger ou de se reproduire.

Les techniques de chasse sont variées. On connait surtout les araignées à toile, qui tendent leur piège puis attendent qu’une proie s’y prenne. Certaines toiles sont anarchiques tandis que d’autres sont des chefs d’œuvre géométriques, minutieusement, patiemment élaborés et rapiécés par leur architecte.

Argiope trifasciata est plus rare que sa cousine argentée (ici une femelle et son mâle, beaucoup plus petit).

Argiope trifasciata est plus rare que sa cousine argentée (ici une femelle et son mâle, beaucoup plus petit).

Le genre Leucauge (famille des Tetragnathidae) compte au moins trois espèces dans les Petites Antilles.

Le genre Leucauge (famille des Tetragnathidae) compte au moins trois espèces dans les Petites Antilles.

Chez les araignées-crabes (familles des Thomisidae et des Philodromidae), on sait également faire preuve de patience mais l’on n’est guère portées sur le tissage. Alors on revêt son plus beau camouflage, on se dissimule parmi les fleurs et on chasse à l’affût les badauds insouciants, comme les abeilles venues butiner.

Cette petite Thomisidae (cf. Mecaphesa asperata) prend un peu de repos avant de retourner à son poste d’affût

Cette petite Thomisidae (cf. Mecaphesa asperata) prend un peu de repos avant de retourner à son poste d’affût

Chez d’autres familles, pas question d’attendre que les proies daignent se faire attraper, on va les chercher ! En matière de traque, les araignées-loups (familles des Lycosidae) et les araignées sauteuses (famille des Salticidae) sont expertes. Et pas besoin d’être grand pour sauter loin : les Salticidae mesurent le plus souvent quelques millimètres à peine mais sont capables de bonds prodigieux, jusqu’à quarante fois la longueur de leur corps. Famille d’araignées la plus diversifiée au monde, les Salticidae ont généralement quatre gros yeux brillants bien visibles (et quatre petits plus discrets) et de nombreuses espèces sont très colorées, un atout que les mâles savent faire valoir lorsqu’il s’agit de séduire une femelle : https://www.youtube.com/watch?v=VEAMq3y0950

 Salticidae – cf. Corythalia ou Anasaitis sp. et Menemerus bivittatus mâle

Salticidae – cf. Corythalia ou Anasaitis sp. et Menemerus bivittatus mâle

Puisque l’on parle gaudriole, il est une particularité des araignées qu’il convient (ou peut-être pas…) de souligner. Chez le mâle, les testicules ne sont pas reliés aux organes copulateurs. Ces derniers sont constitués par des bulbes se trouvant à l’extrémité des pédipalpes, ces deux petits membres qui ressemblent à de courtes pattes de part et d’autre de la tête. Pour se reproduire, le mâle doit donc remplir ses bulbes copulateurs de sperme, et pour ce faire il utilise l’outil à tout faire des araignées : des fils de soie. Il tisse une minuscule toile sur laquelle il dépose une goutte de la précieuse semence qui est ensuite aspirée dans les bulbes à la manière d’une seringue que l’on remplit. La suite de l’histoire leur appartient, à lui et sa dame.

 

Quand ils ne servent pas d’éprouvette ou à tisser des toiles, les fils de soie permettent de constituer des cocons, d’emmailloter des proies, de chasser (comme les araignées-cracheuses, cousines de Spiderman : https://www.youtube.com/watch?v=DFozCr_tj8I), de descendre des plafonds en rappel… ou encore de voler ! Cette technique, appelée « Ballooning », consiste pour les araignées à se placer sur un point haut puis à laisser flotter dans l’air des fils de soie qui les emporteront avec eux au premier souffle de vent. Parfois, on peut ainsi voir voler des myriades de petites araignées dont les fils iront couvrir la campagne ou les arbres ; c’est le phénomène dit « des fils de la Vierge ».

 

« Tout cela est bien joli – me direz-vous peut-être – mais qu’elles commencent par arrêter de nous mordre dans notre sommeil ! » Et bien détrompez-vous : rares sont les araignées qui disposent de crochets assez grands pour percer notre peau, et les vrais coupables sont en fait bien souvent des puces, des punaises de lit, voire de simples moustiques. D’ailleurs, les araignées ne se nourrissent pas de notre sang, contrairement aux animaux précédents, et elles ne transmettent pas de maladies. Elles sont certes carnivores mais la grande majorité se nourrit exclusivement d’arthropodes (insectes et assimilés), tandis que seules les plus grandes espèces s’attaquent à des petits mammifères (rongeurs, chauves-souris), à des grenouilles ou encore à des oiseaux. Oui c’est vrai, elles pratiquent parfois le cannibalisme et il arrive que les femelles, généralement plus grandes, mangent les mâles après l’accouplement, mais c’est loin d’être systématique. Enfin, précisons que la quantité et la toxicité de leur venin ne sont pas nécessairement proportionnelles à leur taille et que seule une quinzaine d’espèces dans le monde sont potentiellement dangereuses pour l’Homme, sur plusieurs dizaines de milliers…. On estime en moyenne à moins d’une dizaine le nombre de personnes qui succombent à une morsure d’araignée chaque année.

 

Et si vous n’êtes toujours pas convaincus, sachez qu’en plus de n’être pas si terribles, les araignées sont mêmes utiles. Excellent insecticide naturel, elles vous débarrasseront sans rien demander des moustiques qui se réfugient au plafond, hors d’atteinte de vos raquettes électriques, à condition bien sûr de leur laisser tisser leur toile dans un coin. Les araignées sont capables de consommer de 10 à 20 % de leur propre poids chaque jour, ce qui correspond en France à plusieurs centaines de millions d’insectes ingurgités annuellement. Elles sont même utilisées dans certains pays pour réguler les populations d’insectes ravageurs de cultures.

Cf. Physocyclus globosus (famille des Pholcidae) fait partie de ces espèces qui peuplent pacifiquement nos plafonds et nous débarrassent « d’indésirables »

Cf. Physocyclus globosus (famille des Pholcidae) fait partie de ces espèces qui peuplent pacifiquement nos plafonds et nous débarrassent « d’indésirables »

La peur des araignées ne se dompte évidemment pas en un claquement de doigts... Et j’en sais quelque chose, foi de canard ! Mais j’espère que ce petit tour d’horizon aura fait entrevoir aux plus réticents qu’une cohabitation sereine est possible, et même bénéfique, pour elles comme pour nous.

 

Lors de votre prochaine ascension de la Soufrière, ouvrez l’œil, vous aurez peut-être le privilège d’y croiser une autochtone qui ne se rencontre nulle part ailleurs dans le monde : la bien nommée Mygale de la Soufrière (Holothele sulfurensis), qui n’a été découverte que récemment – en 1999 – par Patrick Maréchal. Là encore, soyez rassurés, car avec ses deux petits centimètres à l’âge adulte (voire un seul pour les mâles), elle n’a rien à voir avec la robuste Matoutou falaise de Martinique.

Mygales de la Soufrière, pixées par Laurent Malglaive et Pierre-Yves PascalMygales de la Soufrière, pixées par Laurent Malglaive et Pierre-Yves Pascal

Mygales de la Soufrière, pixées par Laurent Malglaive et Pierre-Yves Pascal

La Mygale de la Soufrière Holothele sulfurensis (famille des Theraphosidae) coule des jours heureux en cœur de Parc National. Faisons en sorte que cela dure…

 

Signé Le Siffleur d’Amérique

 

Texte et photos de Thomas Delhotal https://www.flickr.com/photos/108527485%40N06/sets sauf mention contraire en légende. Merci à Laurent Malglaive, Nicolas Barré et Pierre-Yves Pascal pour leurs photos. Merci également à Karl Questel pour sa piste d’identification de Corythalia ou Anasaitis sp.

 

Sources bibliographiques

Bellmann Heiko, 2014. Guide photo des araignées et arachnides d’Europe. Editions Delachaux et Niestlé. 430 p.

Corbara Bruno, 2016. Les araignées, fascinantes chasseresses. Revue Espèces n°19.

Maréchal Patrick, 2011. A la découverte des… Araignées des Antilles. PLB Editions. 65 p.

Rollard Christine et Blanchot Philippe, 2014. Portraits d’araignées. Editions Quae. 128 p.

8 mars 2017 3 08 /03 /mars /2017 14:41
Diab ka vin ?
Côté Carmichaël

Côté Carmichaël

Il est sorti comme un diable de sa boîte.

Le diable au corps.

Une course endiablée.

Et, emprunté aux comptines antillaises : "Manzèl Marie fèmè pot-la ou diab ka vin".

 

Beaucoup d'expressions donc reprennent le vocable du démon. Les naturalistes d'antan avaient baptisé Diablotin le pétrel qui fréquentait les pentes de la Soufrière il y a quelques centaines d'années de ça.

Nez Cassé, Saintes et Dominique

Nez Cassé, Saintes et Dominique

Comme évoqué à maintes reprises dans ce blog, nous sommes un peu obsédés par cet animal. Au point de terminer la semaine par une bonne marche de nuit à la Soufrière. Tous les vendredis de février et mars, qu'on se le dise, c'est diablotin sinon rien !

 

C'est qu'il faut arriver à des résultats, le Parc national nous a financés pour tenter de découvrir si cet oiseau niche encore dans le massif ! Eh oui, nous touchons de l'argent pour aller nous balader sous la lune. Mais je vous rassure, l'emploi n'est pas fictif, et nos notes de lecture sont conséquentes. La preuve, le rapport intermédiaire a été envoyé à notre bailleur de fond : pour le moment, prospections sur 12 circuits totalisant 56 km (à pied, qui ont usé les souliers), 13 sites favorables mis en évidence (ça va nous porter chance je le sens), enregistreur de longue autonomie posé, et 5 sorties de nuit sur quelques uns de ces fameux sites. Et un indice : nous avons vu l'homme qui a peut-être entendu l'ours le diablotin, en 2016. Ceci fera l'objet d'un récit détaillé une autre fois, un peu de patience que diable !

Pas prête à arrêter de fumer celle-là

Pas prête à arrêter de fumer celle-là

J'ai participé à une de ces fameuses sorties nocturnes. Nuit sans lune cette fois, mais étoiles au rendez-vous. Je fais équipe avec Marc et Mikaël et notre circuit est sans difficulté : montée à la Soufrière par le chemin des Dames, bifurcation vers la gauche avant le sommet, direction Carmichaël puis le col de l'Echelle et sa belle pierre fendue. Redescente par la route jusqu'aux Bains Jaunes. Avec trois arrêts de 20 minutes chacun pour tenter d'entendre le miaulement caractéristique de la Bête. 

Holothele sulfurensis

Holothele sulfurensis

Diab ka vin ?

Vous l'aurez compris, nous fûmes bredouilles et fîmes chou blanc. Mais nous ne sommes pas venus pour rien. Un racoon repéré par Mikaël juste avant le parking des Bains jaunes. Une mygale heureusement aperçue par Marc sur la route de la Savane à Mulets, avant que je mette le pied dessus. Et de gracieux escargots prenant un bain de lune sur les roches alentour.

 

 

28 février 2017 2 28 /02 /février /2017 07:58

Nous inaugurons ici une nouvelle rubrique : celle des PPSQdab.

= Posts Plus Sérieux Que d'habitude. Ils seront moins anecdotiques qu'à l'accoutumée, en bref, un peu plus scientifiques.

 

Dans cette rubrique, les auteurs prennent leurs responsabilités : ils signent sous leurs vrais noms au lieu d'utiliser des pseudo farfelus à consonance naturaliste.

 

De mon côté, je persiste, et signe le Toto-Bois !

La nuit, tous les geckos sont gris

La nuit, tous les geckos sont gris

Les geckos nocturnes en Guadeloupe : contexte et perspectives

 

Olivier Lorvelec & Nicolas Barré

 

Cette note fait le point sur les quatre espèces de geckos à activité principalement nocturne qui peuvent être observées en Guadeloupe, et attire l’attention sur le fait que d’autres espèces pourraient s’y établir.

 

Deux espèces exotiques, appartenant à la famille des Gekkonidés, étaient connues en Guadeloupe jusqu’à récemment. La première est le Gecko ou Hémidactyle mabouia (Hemidactylus mabouia), appelé Mabouia en créole, qui est très commun, en particulier dans les habitations. Cette espèce, originaire d’Afrique tropicale, a été introduite en Amérique probablement à l’époque du commerce triangulaire et, en tout état de cause, avant 1818. Cette année-là, Moreau de Jonnès l’avait décrite sous le nom latin Gecko mabouia, en lui donnant le nom français de Mabouia des murailles ou Mabouia des Antilles, et en lui attribuant comme répartition le nord de l’Amérique du Sud et les Antilles. La seconde est le Tockay (Gekko gecko), une espèce de grande taille d’origine indo-malaise, récemment signalée en Grande-Terre (Breuil & Ibéné 2008).

 

Une autre espèce de grande taille, le Gecko ou Thécadactyle à queue turbinée (Thecadactylus rapicauda), appelé Mabouia collant en créole, est également présent en Guadeloupe. Cette espèce n’appartient pas à la famille des Gekkonidés mais à celle des Phyllodactylidés. Le Gecko à queue turbinée a longtemps fait partie des espèces cryptogéniques, c’est-à-dire qui ne sont pas manifestement autochtones ou introduites (Carlton, 1996). Cependant, les données fossiles obtenues récemment, en particulier à Marie-Galante (Bailon et al., 2015), semblent indiquer une introduction ancienne (précolombienne).

 

En 2010, Anthony Levesque observe, dans sa maison aux Abymes, un gecko qui diffère des spécimens habituels, et Olivier Lorvelec identifie le Gecko ou Lépidodactyle lugubre (Lepidodactylus lugubris) qui appartient à la famille des Gekkonidés. La découverte est publiée dans Lorvelec et al. (2011). De 2011 à 2013, quatre nouvelles localisations sont découvertes, à Sainte-Rose, Pointe-à-Pitre, Saint-François et Le Gosier (Parmentier et al., 2013 ; Gomès & Ibéné 2013 ; Lorvelec et al. 2017). En 2016, une enquête diligentée par AEVA permet de recenser trois nouvelles localisations, documentées par des photos, entre Petit-Bourg, Sainte-Anne et Saint-François (Lorvelec et al. 2017). Une donnée complémentaire intéressante, car à l’extrême sud de Basse-Terre (Vieux-Fort, 10 avril 2015) éloignée des autres points, nous est communiquée en début 2017 par Guy Van Laere.

 

Le Gecko lugubre est une petite espèce (moins de 10 cm de longueur totale), principalement nocturne mais qui peut être diurne, avec le dessus du corps ponctué de taches noires (voir photos). Cette espèce correspond à un complexe de plusieurs lignées de femelles parthénogénétiques. Le Gecko lugubre est parfois nommé Gecko "veuf", nom très ambigu pour des femelles (lié au genre masculin du nom Gecko) ! Duméril & Bibron avaient décrit cette espèce en 1836 sous le nom latin Platydactylus lugubris et lui avaient donné le nom français de Platydactyle demi-deuil qu’ils avaient justifié de la façon suivante : "Nous avons donné le nom de demi-deuil à ce Platydactyle à cause de la couleur blanchâtre de son dos, qui est relevée par des points et des taches d'un noir d'ébène...". Il est dommage que ce qualificatif de "demi-deuil", à notre avis plus judicieux que celui de "lugubre" ou que celui de "veuf", ne soit plus utilisé de nos jours. C’est pourquoi, nous souhaitons le réhabiliter ici.

 

Les effets sur la faune locale de l’établissement de ce petit gecko en Guadeloupe, comme d’ailleurs ceux des autres geckos introduits, ne sont pas encore documentés.

Gecko demi-deuil (Lepidodactylus lugubris) à Petit-Bourg (en haut, photo Nicolas Barré) et à Saint-François (en bas, photo Laurent Malglaive)
Gecko demi-deuil (Lepidodactylus lugubris) à Petit-Bourg (en haut, photo Nicolas Barré) et à Saint-François (en bas, photo Laurent Malglaive)

Gecko demi-deuil (Lepidodactylus lugubris) à Petit-Bourg (en haut, photo Nicolas Barré) et à Saint-François (en bas, photo Laurent Malglaive)

De nombreuses espèces de reptiles sont susceptibles d’être introduites en Guadeloupe dans l’avenir. Parmi elles, favorisées par leurs particularités biologiques (synanthropie fréquente, parthénogénèse pour certaines, résistance des œufs, etc.) et par le fait que certaines soient prisées des terrariophiles, plusieurs espèces de la famille pantropicale des Gekkonidés ont colonisé de nouveaux territoires et certaines pourraient s’établir dans l’avenir en Guadeloupe (si ce n’est déjà fait).

 

Dans ce cadre, Lorvelec et al. (2017) ont attiré l’attention sur deux ensembles d’espèces de Gekkonidés répondant à ces critères.

 

Le premier ensemble correspond à des espèces de Gekkonidés qui ont une vaste répartition comprenant de nombreuses îles tropicales dans l’océan Pacifique et qui présentent de grandes capacités de colonisation. Outre Lepidodactylus lugubris, six autres espèces sont concernées : Gehyra insulensis (à moins qu’il ne s’agisse de Gehyra mutilata, répartie en Asie du Sud et dans l’océan Indien, ou des deux), Gehyra oceanica, Hemidactylus frenatus, Hemidactylus garnotii, Hemiphyllodactylus typus, et Nactus pelagicus. G. insulensis (ou G. mutilata), H. frenatus et H garnotii font d’autant plus partie des espèces qui pourraient rapidement s’établir en Guadeloupe, qu’elle sont, comme L. lugubris, déjà naturalisées sur le continent américain, et sont même signalées des Grandes Antilles pour H. frenatus et des Bahamas pour H. garnotii.

 

Le second ensemble correspond à des espèces de Gekkonidés du genre Hemidactylus ayant d’autres origines géographiques et déjà présentes dans les Antilles. Sont concernés, pour le moins, H. angulatus au sens large (incluant H. haitianus), originaire d’Afrique tropicale, et H. turcicus, originaire de la zone méditerranéenne (également d’Afrique de l’Est et du Moyen-Orient).

 

La diagnose des espèces de Gekkonidés repose en partie sur les caractéristiques des lamelles sous digitales et n’est pas toujours aisée. Ces espèces qui, pour certaines, se ressemblent (c’est le cas de plusieurs espèces du genre Hemidactylus), pourraient passer inaperçues dans leur nouvelles terres de colonisation pendant une longue période si une espèce présentant une allure générale proche s’y trouve déjà (c’est le cas avec H. mabouia en Guadeloupe).

Remerciements

 

Nous remercions Guy Van Laere qui nous a communiqué l’observation de Vieux-Fort.

 

Références (en orange : téléchargeables)

 

  • Bailon S., Bochaton C., Lenoble A. (2015). New data on Pleistocene and Holocene herpetofauna of Marie Galante (Blanchard Cave, Guadeloupe Islands, French West Indies): Insular faunal turnover and human impact. Quaternary Science Reviews, 128 : 127–137.

  • Breuil M, Ibéné B (2008). Les Hylidés envahissants dans les Antilles françaises et le peuplement batrachologique naturel. Bulletin de la Société Herpétologique de France, 125 : 41-67.

  • Carlton J.T. (1996). Biological invasions and cryptogenic species. Ecology, 77 : 1653-1655.

  • Duméril AMC, Bibron G (1836) Erpétologie Générale ou Histoire Naturelle Complète des Reptiles. Tome Troisième. Librairie Encyclopédique de Roret, Paris, France : i–iv, 1–517.
  • Gomès R, Ibéné B (2013) Lepidodactylus lugubris (mourning gecko). Distribution. Caribbean Herpetology, 44 : 1.
  • Lorvelec O, Barré N, Bauer AM (2017) The status of the introduced Mourning Gecko (Lepidodactylus lugubris) in Guadeloupe (French Antilles) and the high probability of introduction of other species with the same pattern of distribution. Caribbean Herpetology, 57 : 1–7.
  • Lorvelec O, Levesque A, Bauer AM (2011) First record of the mourning gecko (Lepidodactylus lugubris) on Guadeloupe, French West Indies. Herpetology Notes, 4 : 291–294.
  • Moreau de Jonnès A. (1818). Monographie du Mabouia des murailles, ou Gecko Mabouia des Antilles. Bulletin des Sciences, par la Société Philomathique de Paris, année 1818 : 138-139.

  • Parmentier P, Ibéné B, Gomès R (2013) Lepidodactylus lugubris (mourning gecko). Distribution. Caribbean Herpetology, 47 : 1.

6 février 2017 1 06 /02 /février /2017 20:14
Pastel de Jean Chevallier - 1999

Pastel de Jean Chevallier - 1999

Les interviews pas du tout imaginaires du Toto-Bois.

 

Où l'on se rend compte qu'aucune vérité n'est jamais acquise.

Hé bien aujourd'hui, chers fidèles lecteurs, nous allons parler d'un sujet passionnant : moi ! Le phénix des hôtes de ces bois, j'ai nommé le Toto-Bois, Tapé, Tapeur, Pic de la Guadeloupe, Melanerpes herminieri (en latin dans le texte).

 

Ceux qui ont suivi mes aventures et dont la mémoire ne flanche pas vous diraient :

 

"Le pic habite dans les forêts et zones boisées de la Basse-Terre et dans les Grands-Fonds en Grande-Terre. Il n'est pas capable de voler à découvert sur plus de quelques dizaines de mètres, et c'est pour ça que les deux populations sont maintenant isolées".

 

Je dis bravo, c'est déjà bien d'avoir mémorisé tout ça. 

Mais ne voilà ti pas que pas plus tard que le dimanche 5 février, ces certitudes se sont effondrées, tels les glaciers sous l'action du réchauffement climatique.

 

Je vais donner la parole aux trois mousquetaires, ils sauront mieux que moi vous raconter l'affaire.

D'Artagnan (Anthony), Athos (Antoine) et Aramis (Alexandre). Que des A vous l'aurez noté. Portos était absent, c'était son jour de RTT.

Toto-Bois - Anthony, peux-tu m'expliquer où tu te trouvais hier, et ce que tu as vu d'extraordinaire ?

 

Anthony - Nous venions d’emprunter le petit chemin au sud de Goguette, au bord de la N6, qui se situe environ à mi-distance entre les bourgs de Port-Louis et d’Anse-Bertrand. C’est ce chemin qui mène aux marais de Port-Louis. J’ai alors aperçu une silhouette familière, en vol au-dessus du chemin : un Tapeur ! Ce qui est troublant, c’est qu’il a volé sur près de 400 mètres à découvert ! Et ce n’est pas tout, vous savez quoi ? Et bien ce Tapeur il avait le vol ondulant typic des piques ! [Pas pu résister, ndlr]. J’avais déjà eu l’occasion de le voir voler ainsi deux ou trois fois mais j’étais seul et avec mon faible pour les jus locaux je n’en parlais pas trop…

 

Toto-Bois - Antoine, confirmes-tu les dires d'Anthony ? N'avait-il pas, comme ça lui arrive parfois, abusé du jus de gwozey péyi ?

 

Antoine - On a rarement besoin de confirmer les observations d’Anthony ! [fayot, ndlr] mais il nous laisse les partager avec lui…

Il était au volant de son Duster, à regarder en l’air - ce qui n’est pas très rassurant quand on est passager  ;-) Tout à coup je ne sais pas quelle mouche le "pique", il s’écrie "PIC, PIC, PIC" alors qu’un toto-bois passe devant nous. Je ne réalise pas tout de suite l’engouement d’Anthony le cocheur pour cette observation de pic endémique, mais commun en Guadeloupe. Je suis à la jumelle l'individu qui, après s’être posé dans un arbre, se fait chasser par un Quiscale merle et continue sa route vers le nord.

 

"Gamin, c’est l’observation la plus nordique de cette espèce" me dit-il ! En effet, les données les plus proches au sud sont toutes de Beautiran à Petit-Canal, par Frantz, Eric et d’Artagnan justement.

 

Ce n'était pas un oiseau rare, mais c’était beau quand même…

 

Toto-Bois - Alexandre, qu'as-tu à ajouter pour finir de nous convaincre de la véracité de cette observation ?

 

Alexandre - Il s'agissait de ma deuxième sortie avec Amazona, au programme du jour : les oiseaux des marais. Résidant en Guadeloupe depuis peu, j'ai appris dernièrement que le Pic pouvait se laisser observer jusqu'aux Abymes. Je ne m'attendais donc pas à le voir à Port-Louis. Comme l'a dit Antoine, Anthony est devenu fou lorsqu'il a vu le Pic pour sa première apparition. J'étais à l'arrière, je n'ai rien vu... En revanche, lorsqu'il s'est montré pour la deuxième fois, j'ai pu bien le voir et il m'a effectivement fait penser aux pics métropolitains s'éloignant au loin, à découvert et en ondulant. C'était mon premier contact avec la bête, il était un peu loin, mais à en croire les connaisseurs, cette observation est particulière, présence la plus au Nord jamais constatée et vol ondulant rarement observé !

Vous savez donc ce qui vous reste à faire. Lever le nez le plus souvent possible lorsque vous vous trouvez en Grande-Terre, dans l'espoir de porter votre pierre à l'édifice de la connaissance. Evidemment cette découverte pose de nouvelles questions, mais c'est toujours comme ça. Par exemple, est-ce que les pics du nord ont dans le coeur le soleil qu'ils ont aussi dehors ?

 

C'est  à se demander si on ne ferait pas mieux d'arrêter de se poser des questions, et ainsi s'approcher au plus près de la vérité. 

22 janvier 2017 7 22 /01 /janvier /2017 15:26
Un ticket pour le golf ?

Plutôt un ticket d'attente, qui nous a été délivré à la Mairie de Petit-Bourg, le 14 janvier dernier.

 

C'est qu'il y avait foule pour rencontrer le commissaire enquêteur, en charge de recueillir les avis du public, relatifs au projet de PLU de Petit-Bourg.

 

PLU mais qu'est-ce donc ? Le Plan Local d'Urbanisme, qui est venu remplacer le POS (Plan d'Occupation des Sols). Un document qui décrit la stratégie de la commune, son projet de développement en quelque sorte. Et donc, en lien avec les projets d'une commune, sont proposées les affectations du foncier. Il s'agit de préciser ce qui reste ou qui devient naturel, agricole, constructible etc... 

 

Les têtes pensantes d'AEVA ont donc planché sur le PLU de Petit-Bourg, pour tenter de porter une contribution citoyenne à cette commune chère à notre coeur ! En tant que volatile petit-bourgeois je me serais bien exprimé, mais je n'y comprend pas grand-chose à l'urbanisme. Moi c'est plutôt techniques de vol et de capture de vermisseaux.

 

Quelle ne fut pas leur surprise lorsqu'ils découvrirent un projet de "golf de montagne" du côté de la crête de Caféière. Je connais bien le secteur, j'y ai fait mon nid assez souvent, la zone étant riches en arbres morts. Une jolie petite forêt sur les pentes de la vallée de la Lézarde, même pas urbanisée. 

 

Le projet prévoit l'urbanisation de 106 hectares pour les aménagements, installations et constructions liées au projet de golf.

 

Les Aévistes n'ont rien contre le développement de la commune en général, ni contre le golf en particulier, mais il s'agirait tout de même de tenir compte des documents d'aménagement et réglementaires. Pour résumer là où le bat blesse : 

 

- La loi Littoral (même si c'est en forêt !) précise que "sur l'ensemble du territoire communal, l'extension de l'urbanisation doit être réalisée en continuité  avec les agglomérations et villages existants". Or à Caféière point de village ! Juste quelques maisons en crête sur le bord de la route.

 

- Le PADD (Projet d'Aménagement et de Développement Durable) de Petit-Bourg affiche l'objectif d'"intégrer la préservation des continuités écologiques au projet de développement de la commune". Vous savez, l'histoire des corridors écologiques et des trames vertes et bleues. Eh ben là elle en prend un coup la trame verte, le projet de golf étant situé sur le seul corridor écologique d'axe Est-Ouest du territoire communal !

 

Deux émissaires ont donc remis en mains propres un courrier - courtois mais sans langue de toto-bois - au commissaire enquêteur. Qui s'est d'ailleurs étonné de n'avoir reçu aucune autre visite relative aux projets de la commune pouvant avoir un impact sur l'environnement.

 

J'ai voulu en avoir le coeur net et ai décollé de mon cocotier préféré pour effectuer un survol rapide et discret du registre de l'enquête. Résultat consternant : quasiment toutes les interventions étaient des demandes de déclassement de terrains pour qu'ils deviennent constructibles. 

 

Pour les curieux, l'intégralité du courrier transmis.

 

Affaire à suivre...

11 janvier 2017 3 11 /01 /janvier /2017 18:25
... c'est une belle histoire...

L'occasion était trop belle. 

 

Vingt-cinq ans que les Tortues marines sont protégées en Guadeloupe, il fallait marquer le coup.

 

Cinq copains ont décidé vite fait sur le zing d'un bar d'écrire une histoire illustrée. Chacun a apporté sa petite pierre à l'édifice, et en moins de temps qu'il ne faut à une Tortue imbriquée pour brouter une Aplysina fistularis, le scénario était posé. Deux mois plus tard le bébé était là. Un livret d'une vingtaine de pages sur ce qu'est la vie d'une Tortue imbriquée. Où du moins sur ce qu'on en connaît à ce jour.

 

Pour télécharger cette merveille, cliquez .

 

Moi je dis chapeau, et j'aimerais bien faire l'objet d'une telle attention, un livret sur le Toto-Bois, vous imaginez ?

13 décembre 2016 2 13 /12 /décembre /2016 16:48
Ceci n'est pas un Diablotin

Ceci n'est pas un Diablotin

Objectif : repérer des sites qui seraient favorables à la nidification du Pétrel Diablotin, pas revu en Guadeloupe depuis... depuis.

Rendez-vous au parking des Bains Jaunes à 8h30 (pour ceux à l'heure...). En attendant Antoine, Suzanne, Théo (arrivé la veille au soir) et moi, observons un Tyran Janneau très peu farouche qui chasse à mi-hauteur du sous-bois. On prend la petite route de service qui rejoint la Savane à Mulets et Antoine note en passant et photographie (pour soumettre à son collègue ornitho de Dominique) d'anciens éboulis avec roches affleurantes qui pourraient convenir.

On quitte la route de la Citerne pour le col de l'Echelle et contournons la Soufrière. On imagine bien des terriers dans les calderas au dessus de nous. Au loin au nord, le Carmichaël puis le Nez Cassé, cher aux anciens...

Sur le parcours, Antoine nous fait part de ses supputations quant aux emplacements les plus appropriés pour placer ses trois enregistreurs.  On se met facilement dans la peau de l'animal. Mais problème : cette falaise, cet éboulis, cette immense savane, ces crêtes... nous paraissent lui convenir. Que choisir ?  La boucle est bouclée à 15h et Antoine a enregistré plein de bons sites.

 

Dans un prochain article, plus de détails sur le projet Diablotin !

Sur les traces du Diablotin
5 septembre 2016 1 05 /09 /septembre /2016 14:43
Le muret de Terre de Haut.

Le muret de Terre de Haut.

Du haut de mon cocotier, un peu secoué par la dépression de ce jour, je rigole quand même. J'aperçois 3 aévistes qui s'échinent, qui suent sang et eau pour terminer dans les temps. Le marathon des Scinques ! Il ne s'est pas agi de 42,195 kilomètres mais de beaucoup plus. A arpenter les sentiers tous plus mal pavés les uns que les autres.

Eh bien voilà, l'heure des comptes a sonné. La DEAL Guadeloupe a été généreuse, ce qui nous a permis depuis 2012 de prospecter, compter, évaluer, réfléchir, photographier, prélever, réfléchir encore... Le rapport final est à rendre à la fin du mois, d'où l'agitation rédactionnelle de ces derniers jours !

"J'ai cru voir un aéviste agité".

"J'ai cru voir un aéviste agité".

Je ne vais pas vendre toute la mèche et résumer ici scinque ans de travail. Quand même quelques nouvelles du zandoli doré, en guise de teaser.

Terre-de-Bas, au premier plan.

Terre-de-Bas, au premier plan.

Des scinques aux Saintes à Terre-de-Bas ? Jusqu'à la découverte, en 2015, par nos collègues de l'ASFA d'un spécimen conservé dans l'alcool par un habitant, aucune mention n'était faite de scinques sur cette île.

C'est là !

C'est là !

Qu'à cela ne tienne, en avant ! Une délégation de furieux aévistes part à Terre-de-Bas pour en découdre. Et par chance, la ténacité paye. "C'est pas ça qu'on cherche ?" demande notre plus jeune recrue. Sur une roche, c'est bien lui ! Un petit bug s'en est suivi, l'appareil photo était au fond du sac et le temps de le sortir, de faire la mise au point, pffft, envolé ! Comment ça, les Scinques volent ? Mais l'observation a malgré tout été validée, et publiée http://www.caribbeanherpetology.org/pdfs/ch56.pdf.

Phare et agaves, au garde-à-vous.

Phare et agaves, au garde-à-vous.

Quelle espèce à Petite Terre ? Tournons-nous vers d'autres contrées. Grâce aux prélèvements de morceaux de queue (merci les chats, merci Joël), les analyses ADN ont parlé. La nouvelle est tombée sur les téléscripteurs en 2016. Un spécialiste des scinques, Blair Hedge, a estimé au vu de ces analyses que l'espèce de Petite Terre était différente de celle de la Désirade "continentale" ! Elle a été baptisée Mabuya parviterrae. Et nous sommes très fiers d'avoir publié avec lui cette découverte : http://www.caribbeanherpetology.org/pdfs/ch53.pdf. Notre parviterrien détient donc le record du plus petit territoire pour une espèce de vertébré. Cent et quelques hectares, si on considère qu'elle n'est présente que sur l'ile sous le vent de Petite Terre : Terre de Bas. Très bonne transition pour la suite...

Terre de Haut, au second plan.

Terre de Haut, au second plan.

Vraiment absents de Terre de Haut de Petite Terre ? Terre de Haut n'est pas totalement la jumelle de Terre de Bas. Plus petite, avec des formations végétales plus rabougries, comportant moins de murets que sa grande soeur. Est-ce pour ces raisons que nous n'y avons pas trouvé de scinques jusqu'à présent ? Ou est-ce parce que nous les y avons moins cherchés ? Pour tenter d'en avoir le coeur net, nous avons complété les observations sur ce petit caillou, il y a quelques jours. Douze heures de prospection supplémentaires, par équipes de deux.

Y'a pas de lézard

Eh bien pas l'ombre d'une écaille à se mettre sous la dent. Excepté celles de sautillants anolis, de gros lourdauds d'iguanes malgré tout délicats, ou de fantastiques et minuscules sphérodactyles. Tous espoir n'est pas perdu, mais disons qu'il se réduit à une peau de chagrin (ou à une mue de lézard).

A suivre donc ce grand feuilleton de la nature sauvage. Scinques, saison 6 !

16 août 2016 2 16 /08 /août /2016 08:45
Partage d'une fleur. Dans le monde de l'infiniment petit, des détails insoupçonnés - Laurent Malglaive.

Partage d'une fleur. Dans le monde de l'infiniment petit, des détails insoupçonnés - Laurent Malglaive.

Le podium en cette année olympique est lui-même bizarre : Laurent - Laurent - Laurent.

Plusieurs hypothèses pour expliquer ce phénomène :

 

Les Laurents sont plus doués que les autres.

Les Laurents ont envahi la planète.

Le jury a été soudoyé par le lobby des Laurents.

 

C'est en fait eaucoup plus simple que ça. C'est tout simplement le hasard (et non le destin, mais ceci est une autre histoire). Voici donc les 17 participants et lauréats du concours. Bravo et merci à tous d'avoir participé, pour la gloire (la plus bizarre des récompenses par les temps qui courrent).

 

Le Toto-Bois dédie toutes ces belles images au souvenir de Danièle, notre chère trésorière et amie. 

 

 

Qui a dit que les oiseaux ne jouent pas ? Deux frégates qui jouaient à se passer un bâton de bois en l'air, Grand cul de sac Marin. Photo sans montage avec juste  recadrage léger, traitement Noir et Blanc et saturation - Laurent Bouveret.

Qui a dit que les oiseaux ne jouent pas ? Deux frégates qui jouaient à se passer un bâton de bois en l'air, Grand cul de sac Marin. Photo sans montage avec juste  recadrage léger, traitement Noir et Blanc et saturation - Laurent Bouveret.

Hilode dérangée. Douce nuit sur feuille de papaye ou Le plus doux des Matelas - Laurent Sagnimorte.

Hilode dérangée. Douce nuit sur feuille de papaye ou Le plus doux des Matelas - Laurent Sagnimorte.

Entre quat'zyeux !!! Sylvain Coulon.

Entre quat'zyeux !!! Sylvain Coulon.

Ouvrons le parapluie. Tourterelle, prise aux saintes (Terre de Haut) lors d'une averse - Gérard Gourret.

Ouvrons le parapluie. Tourterelle, prise aux saintes (Terre de Haut) lors d'une averse - Gérard Gourret.

Regarde bien ! regarde encore ! Anthony Levesque.

Regarde bien ! regarde encore ! Anthony Levesque.

À quelle STAR (étoile) du milieu marin se vouer ? Dany Moussa.

À quelle STAR (étoile) du milieu marin se vouer ? Dany Moussa.

Comme l'an dernier, prix spécial du jury à Dany, pour sa verve (sans jeu de mots bien sûr) naturaliste :

 

L'holothurie (Holothuroidea)


Un être vivant marin de la famille des étoiles de mer! L'auriez vous cru ?! À s'y approcher on constate une ressemblance énorme à : on vous laisse deviner.
Inoffensive, lente, vaseuse, flasque, molle, trop tranquille on a envie de lui mettre un coup de pied au c... !
Il y en a de toutes les circonférences, épaisseurs, longueurs, et dans toutes les profondeurs (de l'océan) : du rivage aux abysses.
Une vrai "performer" : avec tant d'atouts on peut l'enregistrer dans "les anales".
Les Marseillais avec leur grandes inspirations l'appellent : Vier Marin du provençal ''Viech Marin'' qui veut dire sexe marin... ils manquaient certainement d'imaginations, non?!
Humble et zen, elle ne se prend pas pour le trou du c.. de l'eco-système malgré son importance en leur donnant pure satisfaction avec de la biomasse plus fine filtrée aidant  à l'épanouissement et la jouissance d'autres espèces.
Se déplaçant de manière "vagile" (comme les chenilles) sur le substrat elle se nourrit via ses tentacules par filtration.
Facile d'indiquer ses "petits coins" (lieux) de passages : après digestion, le largage d'excréments se fait sur plusieurs mètres.
Attention aux prédateurs !!! En danger elle dégage des toxines hémolytique (destruction des globules rouges) et peuvent s'éviscérer de leurs organes internes qui se régénéreront au fil du temps.

Aphrodisiaque est notre imagination suite à son aspect ressemblant à une partie de notre corps : qu'on vous laisse toujours deviner.
La différence ? C'est que son rectum sert pour respirer, à manger et accueillir des hôtes.
En symbiose, c'est porte ouverte à tous: poissons, crevettes, crabes, mollusques, verres, mêmes les parasites y sont conviés afin de partager sa table ou de s'y reproduire.
Avec tant de générosité, cette classe d'individu est en voie d'extinction suite à l'abus de sa consommation par des faibles d'esprit et de coeur.
 
À savoir et pour le plaisir au masculin on l'appelle aussi "concombre des mers", libre a vous de choisir comment vous le prenez (le genre).

Ne mangez pas vos semblables ! Protégeons les milieux marins peut importe les ressemblances et les aspects.

Diablotin quand tu nous tiens ! Marion Diard.

Diablotin quand tu nous tiens ! Marion Diard.

Balbuzorro le pêcheur masqué qui dévore le Vivaneau et le Barbarin - Thomas Delhotal.

Balbuzorro le pêcheur masqué qui dévore le Vivaneau et le Barbarin - Thomas Delhotal.

Un alien dans la forêt à Matouba. Je photographiais un Coléoptère et soudain....., ce petit Malaxis est venu à ma rencontre pour me dire bonjour. Inutile de dire que j'ai fait un bon en l'air ! Mais il était si mignon avec ses grands yeux... François Meurgey.

Un alien dans la forêt à Matouba. Je photographiais un Coléoptère et soudain....., ce petit Malaxis est venu à ma rencontre pour me dire bonjour. Inutile de dire que j'ai fait un bon en l'air ! Mais il était si mignon avec ses grands yeux... François Meurgey.

Fwomajé. Volants et soucougnans en sont les habitants. Souvenirs des âmes de ceux qui y furent pendus haut et court. Contraste du piquant de ses épines, et de la douceur de son kapok - Claudie Pavis.

Fwomajé. Volants et soucougnans en sont les habitants. Souvenirs des âmes de ceux qui y furent pendus haut et court. Contraste du piquant de ses épines, et de la douceur de son kapok - Claudie Pavis.

Colibri huppé - Nicolas Barré.

Colibri huppé - Nicolas Barré.

Visiteur du soir - Robert Hamparian.

Visiteur du soir - Robert Hamparian.

Escargot carnivore. Vous ne regarderez plus jamais les escargots de la même façon - Franz Duzont.

Escargot carnivore. Vous ne regarderez plus jamais les escargots de la même façon - Franz Duzont.

Tortue unijambiste - Alexandra Le Moal.

Tortue unijambiste - Alexandra Le Moal.

Voici une espèce mythique et un individu particulier : une tortue verte venue tenter de pondre sur la Pointe des châteaux en 2008 et revue en 2014. Malgré ses difficultés, elle effectue probablement une migration de plusieurs centaines de kilomètres pour se reproduire et pondre dans la région de sa naissance. Bon, pondre est difficile quand on ne creuse qu'avec une seule patte... Vous noterez l'incroyable capacité de cicatrisation de l'animal au passage. On pense à une morsure de requin.
Les brouteurs des rivières en plein festin. Colle-roches raclant chaque cm de galet pour manger les microalgues qui y ont poussé - Lou Frotté.

Les brouteurs des rivières en plein festin. Colle-roches raclant chaque cm de galet pour manger les microalgues qui y ont poussé - Lou Frotté.

Un petit bonus, les photos hors-concours.

Un Pic au Club Med... tranquille - Thomas.

Un Pic au Club Med... tranquille - Thomas.

Hanneton de Schröedinger - Thomas.

Hanneton de Schröedinger - Thomas.

La mouche de Notre-Dame - Thomas.

La mouche de Notre-Dame - Thomas.

Mycolorgues - Thomas.

Mycolorgues - Thomas.

Champignon poilu... toute ressemblance etc... Thomas.

Champignon poilu... toute ressemblance etc... Thomas.

Pic et pic et colégrame - Claudie.

Pic et pic et colégrame - Claudie.

Atya innocous - Lou.

Atya innocous - Lou.

17 avril 2016 7 17 /04 /avril /2016 16:20
Faute de grives on mange des merles

Ou plutôt, faute de râles, un Toto-Bois est toujours bon à prendre.

Le Râle tapageur vous connaissez ? Malgré son nom, c'est un oiseau discret, très discret. Qui affectionne les mangroves et autres zones humides, très humides.

Faute de grives on mange des merles

Pour la deuxième année, nous avons le plaisir de donner un coup de main au Parc (national de la Guadeloupe, s'il vous plaît) dans leur projet de cartographie de cet oiseau. Rappel de l'histoire en cliquant là.

Faute de grives on mange des merles
Faute de grives on mange des merles

Une sortie en mars, une en avril, et pour le moment, le râle n'a pas répondu à nos avances. Il est resté muet comme une carpe. Cette année, nous sommes sur une belle zone, campagne puis mangrove, entre les Abymes et Vieux-Bourg. Pierrefite. Des trous de crabes oui par contre.

Faute de grives on mange des merles

De délicats lataniers.

Faute de grives on mange des merles

Des galbas aux écorces bigarrées.

Faute de grives on mange des merles

Des passiflores sauvages (?)

Faute de grives on mange des merles

"R comme râle". Les racines nous narguent.

Faute de grives on mange des merles

Puisqu'il en est ainsi, retournons dans nos foyers. 

Faute de grives on mange des merles

Le coeur content de ces rencontres au pipirit chantant. Une Hirondelle rustique nous encourage à revenir en mai. Le dernier mot n'est pas dit.

16 décembre 2015 3 16 /12 /décembre /2015 17:25
Fruits de la connaissance ?

Fruits de la connaissance ?

Pour cette dernière sortie 2015, un seul mot d'ordre.

 

Détente, marécage (n'oublions pas le thème de l'année), convivialité.

Vous aurez remarqué que ça fait au moins 10 mots.

 

 

Le patriarche.

Le patriarche.

Connaissez-vous la rivière d'Audoin ? Elle se jette (mollement) dans la mer au Moule, à  l'Autre Bord.

 

Nous avons fait un pas de côté ce dimanche.

 

Vous prenez 16 Aévistes de tous âges, et tous de bonne humeur. Vous les disposez presque au hasard sur des kayaks. Vous rigolez parce que la retardataire trouve le moyen de tomber à l'eau à peine l'esquif parti. Et puis vous pagayez tranquillement. Un petit vent contraire sur la rivière d'Audoin malgré tout.

Les contorsions sont de mise.

Les contorsions sont de mise.

Si t'as pas de vert dans ta palette t'es mort.

Si t'as pas de vert dans ta palette t'es mort.

En rando-gnons.

En rando-gnons.

Etonnant paysage où le palétuvier rouge domine. Etonnant que la plate Grande-Terre ruisselle de la sorte. On pourrait se croire en Guyane, les toucans et les morphos en moins. Etonnante la couleur de l'eau, blanchâtre, et aussi sa saveur, salée (pas de diarrhée jusqu'à maintenant). Et toute aussi étonnante la proprété des lieux. Ni carcasse de machine à laver, ni batterie usagée, ni bouteille plastique.

Dans la famille Biohoreau gris, je demande le père (où la mère ?).

Dans la famille Biohoreau gris, je demande le père (où la mère ?).

... le fils...

... le fils...

Quelques rencontres au détour des méandres dorés. Un adulte et un jeune héron bihoreau gris. Peu farouches. Un petit héron bleu juvénile, donc blanc. Un poisson diodon mort, quel fut son destin ?

2015, dernière (enfin peut-être)

Après ces moments calmes, nous nous sommes posés à l'autre bord de la mer. Décembre, les vagues et la houle de nord entrent. Les déferlentes envoient de l'écume.

 

C'est là que les choses ont commencé à se gâter.

L'écume d'un jour.

L'écume d'un jour.

Vivifiés par un agréable bain de mer en bonne compagnie, et par une dégustation comparative de deux planteurs, nous avons échangé des points de vue. Il était question de définir les rôles au sein du bureau pour 2016, et de choisir le thème de l'année.

 

"Mais si, tu peux être président, d'abord tu y'a jamais été" - "Mais non je veux plus être trésorière" - "Mais moi au fait qu'est-ce que je faisais dans le bureau ?" - "C'est obligatoire une secrétaire ?"  - "Il reste du gâteau au chocolat ?" etc...

 

Le consensus fut vite trouvé : on ne change rien. De là à dire que nous sommes une équipe qui gagne, il n'y a qu'un pas. Franchi !

 

 

 

Qu'est-ce qu'on a décidé déjà ?

Qu'est-ce qu'on a décidé déjà ?

L'autre sujet fut plus épineux. Le thème de l'année. Quelle entrée choisir ?

 

Géographique (Marie-Galante) ?

Taxonomique ? (les Champignons)

Thématique ? (les îlets)

Un mélange de tout ça ?

 

Il a fallu en venir au vote pour éviter d'en venir aux mains, et nous départager.

 

Résultat, 2016 sera l'année des espèces mythiques, emblématiques, ou tout simplement zarbies (comme a dit un des protagonistes dont je ne citerai pas le nom).

 

Je sens que vous avez déjà des tas d'idées pour alimenter ce thème. A vos plumes !

 

Crédits photo (ça fait chic) : Nicolas et Marc.

12 décembre 2015 6 12 /12 /décembre /2015 11:48
L'heure du bilan a sonné !

L'assemblé générale s'est déroulée le 5 décembre, rassemblant une quinzaine d'amoureux de la nature (merci les amoureux !). 

 

Quelques sueurs froides au moment de voter le rapport financier, un différentiel de 5 € apparaissant dans le bilan. Nous avons mis en oeuvre tous les moyens de computation moderne pour trouver la faille, et à ce jour tout est rentré dans l'ordre (merci la trésorière !).

 

S'en est suivie une projection des photos d'un voyage en Equateur. Eh bien dans ce pays, je peux vous dire qu'il y a des gens, des paysages, des plantes et des oiseaux merveilleux (merci NMF !).

 

Pour découvrir ou vous souvenir de nos activités de 2015, il vous suffira d'aller cliquer ci-dessous.

 

La vie n'est-elle pas belle ?

12 décembre 2015 6 12 /12 /décembre /2015 09:54

« L’essence de la poésie se lit dans ce que dévoile une libellule photographiée : l’étrangeté d’un monde entièrement inventé » A. Cugno

Micrathyria aequalis mâle en affût au-dessus d’une mare.

Micrathyria aequalis mâle en affût au-dessus d’une mare.

Il y a 300 millions d’années, alors que l’Amérique du Sud et l’Afrique étaient encore unies au sein d’un même supercontinent – le Gondwana – vivait Meganeura monyi, une « libellule » de 70 centimètres d’envergure, le plus grand insecte connu à ce jour. Depuis, l’évolution a rendu les libellules bien plus discrètes. Pour un peu, on en oublierait qu’elles continuent d’exister un peu partout autour de nous, dans les mares, rivières, ravines, mangroves, forêts marécageuses, lagunes, prairies humides et autres étangs. Pourtant, les libellules offrent un spectacle riche et coloré, presque féérique, à qui prend le temps d’aller à leur rencontre.

« Libellule deuil » Erythtrodiplax umbrata, mâle mature et Erythtrodiplax umbrata immature.« Libellule deuil » Erythtrodiplax umbrata, mâle mature et Erythtrodiplax umbrata immature.

« Libellule deuil » Erythtrodiplax umbrata, mâle mature et Erythtrodiplax umbrata immature.

D’après une légende guadeloupéenne, la première libellule serait née de la transformation d’un petit garçon par Manman Dlo, gardienne des eaux alors déguisée en veille femme et à laquelle il avait refusé de donner de l’eau. En Martinique, un conte explique pour sa part que la Reine Libellule, Marisosé, avait perdu une somptueuse bague. Une fois celle-ci retrouvée, elle décida de porter toutes ses bagues, ainsi que plusieurs anneaux, au bout de sa queue pour que ses bijoux ne tombent plus. Le folklore antillais se révèle aussi riche et imagé quand il s’agit de nommer les libellules. Certains noms traduisent en outre des comportements réels de ces animaux comme en Dominique où on les nomme « Swynié Bonda » - qui essuie l’eau avec son derrière – ou « Sousèt Dlo » - suceur d’eau. Sans oublier « Koké Dlo » - qui fait l’amour à l’eau… On les appelle « Dimwazel » ou « Marisosé » en Martinique et « Zingzing » en créole guadeloupéen, qui offre aussi l’adjectif « zinglèt » désignant une personne maigre à la démarche sautillante et hésitante. Aux Antilles françaises, les libellules sont aussi porteuses de présages. Annonçant une visite, souvent amicale, lorsqu’elles pénètrent dans une maison, elles prédisent la pluie quand elles volent bas. En Martinique, il se raconte que la « Libellule deuil » Erythtrodiplax umbrata apporte le malheur à qui la capture, les marques noires de ses ailes évoquant les voiles portés par les femmes lors des funérailles.

« Les oiseaux appartiennent à notre monde, se meuvent dans le même espace que nous, alors que les insectes nous font changer d’échelle, nous introduisent à un autre univers, un microcosmos qui exige qu’on parle une autre langue » A. Cugno

Si elles ont autant stimulé les imaginaires – comme beaucoup d’autres animaux il faut le reconnaître – c’est peut-être en partie dû à leurs caractéristiques biologiques et écologiques, originales à bien des égards.

Les libellules ont cette particularité, partagée avec quelques autres types d’insectes, de changer radicalement de milieu au cours de leur vie. Tandis que les larves sont confinées au milieu aquatique, les adultes (ou imagos) occupent l’espace aérien, depuis la surface de l’eau jusqu’à au moins 300m d’altitude lors de la phase de dispersion de certaines espèces. Par ailleurs, elles n’ont pas de stade nymphal, c’est-à-dire que les larves « ressemblent » aux adultes, le passage d’un stade – et d’un milieu – à l’autre s’effectuant par une simple mue. Pour ces deux raisons, on dit qu’elles sont hémimétaboles. L’accouplement a lieu en général à proximité d’un point d’eau, posé ou en vol, et certaines espèces forment alors « un cœur » des plus esthétiques. Quant aux œufs, ils sont déposés par les femelles directement dans l’eau (ponte exophyte), à la surface d’une plante (ponte épiphyte) ou encore à l’intérieur d’une plante (ponte endophyte).

Accouplement « en cœur » de Lestes sp. et exuvie de libellule suite à la mue imaginale.Accouplement « en cœur » de Lestes sp. et exuvie de libellule suite à la mue imaginale.

Accouplement « en cœur » de Lestes sp. et exuvie de libellule suite à la mue imaginale.

Outre leur ressemblance, les larves et les adultes ont un régime alimentaire proche puisque tous deux sont des carnivores opportunistes. Les adultes se nourrissent d’une grande variété d’invertébrés et s’adonnent même parfois au cannibalisme ! Dans nos contrées tropicales, les libellules peuvent se révéler être de précieuses alliées en contribuant à la régulation des populations de moustiques, trouble-fêtes vecteurs de maladies comme la dengue et le chikungunya.

Les larves se délectent pour leur part de nombreuses proies parmi lesquelles des crustacés, des têtards, d’autres larves et même des jeunes crapauds et de petits poissons. Mais si les adultes nous soulagent un peu des moustiques, il a été constaté que les larves de certaines espèces s’attaquent aux jeunes ouassous dans les fermes aquacoles. Ceci étant, la pose d’un filet à la surface de l’eau permet d’endiguer ce problème.

Tramea abdominalis.

Tramea abdominalis.

Enfin, on ne peut évoquer les libellules sans parler de leur vol. Stationnaire, en marche avant, à reculons ou en loopings, celui-ci fait d’elles des voiliers hors pair. Mais les libellules ont une botte secrète : des poches d’air sont réparties dans leur corps ; chauffées par le soleil, elles allègent l’insecte qui peut alors consacrer toute son énergie à ses déplacements et non à se maintenir en l’air.

« Les libellules s’en vont, quittent, vont ailleurs, et cet ailleurs est ce qu’elles habitent, là où elles volent, maintenant. Elles sont le détachement même. Elles ne tiennent à rien, si ce n’est à s’en aller. Elles habitent leur départ, indéfiniment » A. Cugno

Chez les Anisoptères (Erythemis vesiculosa à gauche) comme chez les Zygoptères (Ischnura ramburii mâle à droite), le thorax est la partie du corps la plus volumineuse. Il abrite de puissants muscles qui activent les ailes.Chez les Anisoptères (Erythemis vesiculosa à gauche) comme chez les Zygoptères (Ischnura ramburii mâle à droite), le thorax est la partie du corps la plus volumineuse. Il abrite de puissants muscles qui activent les ailes.

Chez les Anisoptères (Erythemis vesiculosa à gauche) comme chez les Zygoptères (Ischnura ramburii mâle à droite), le thorax est la partie du corps la plus volumineuse. Il abrite de puissants muscles qui activent les ailes.

Les « libellules » appartiennent à l’ordre des Odonates, qui regroupe en réalité deux sous-ordres. Les Anisoptères – ou libellules – se reconnaissent notamment à leurs ailes asymétriques (les postérieures plus larges que les antérieures) qu’elles gardent généralement ouvertes et étalées au repos, tandis que les Zygoptères – ou demoiselles – ont des ailes semblables qu’elles maintiennent jointes au-dessus de l’abdomen lorsqu’elles sont posées.

Parmi les quelques 5500 espèces de libellules connues aujourd’hui dans le monde, les Petites Antilles en accueillent 49, dont 30 en Martinique et 38 en Guadeloupe. Le fait que la Guadeloupe abrite la plus importante richesse odonatologique des Petites Antilles s’explique en partie par la variété et le nombre considérables de ses zones humides. En 2011, les mares seules étaient au nombre de 2750 selon un inventaire exhaustif, dont les trois-quarts se trouvent en Grande-Terre (notamment dans les Grands Fonds) et 586 à Marie-Galante. Il convient néanmoins de préciser que les mares, tout comme les étangs, étaient quasi-inexistants en Guadeloupe avant l’arrivée des Européens au XVIIème siècle, qui les ont créées principalement pour l’irrigation des cultures et l’abreuvement du bétail. Ces milieux récents d’eaux stagnantes hébergent aujourd’hui la grande majorité des espèces de libellules recensées, dont la plupart sont relativement communes et tolérantes vis-à-vis des conditions du milieu. La plupart des espèces rares se rencontrent pour leur part dans d’autres types de milieux, comme les forêts de la Basse-Terre ou les forêts marécageuses. Pour autant, toutes les espèces de libellules qui peuplent nos îles, qu’elles soient rares ou communes, contribuent à la richesse de notre patrimoine naturel et méritent d’être préservées.

Argia concinna mâle mature.

Argia concinna mâle mature.

De même que pour la plupart des autres animaux, la principale menace qui pèse sur les libellules concerne la destruction ou la dégradation de leurs habitats : assèchement et comblement des mares et étangs consécutifs à leur abandon, à l’étalement de l’urbanisation ou à l’introduction d’espèces végétales envahissantes ; déforestation ; usage massif de produits phytosanitaires ; rejets d’activités industrielles ou encore lavage du linge et des véhicules dans les rivières. Au titre de la protection des libellules et à bien d’autres (qualité de la ressource en eau et rôle protecteur des zones humides littorales contre les aléas climatiques entre autres), la préservation de nos zones humides constitue aujourd’hui un enjeu majeur qui doit être pris à bras le corps par chacun.

Une mare des Grands Fonds.

Une mare des Grands Fonds.

Ichnura hastata, une demoiselle au long cours unique en son genre.

Originaire des deux Amériques, la frêle Ischnura hastata présente une capacité de dispersion remarquable. Elle a en effet réussi à coloniser les îles Galapagos, à presque 1000 km de l’Amérique centrale, et les Açores, à plus de 3000 km de l’Amérique du Nord. Mais dans ce deuxième cas, seules des femelles sont parvenues à destination et s’y reproduisent depuis par parthénogénèse, ne donnant naissance qu’à d’autres femelles. Il s’agit de la seule espèce de libellule connue au monde pratiquant ce mode de reproduction sexuée permettant à une femelle seule de procréer sans l’intervention d’un mâle. Le phénomène est d’autant plus notable qu’il n’a jamais été observé chez les populations américaines de l’espèce. Qui plus est, chez d’autres insectes, la parthénogénèse est généralement rendue possible par la médiation d’une bactérie tandis qu’elle subsiste chez les individus açoriens d’Ischnura hastata traités par des antibiotiques dans un cadre expérimental.

Ischnura hastata

Ischnura hastata

Quand observer les libellules ?

Si quelques espèces sont actives au crépuscule voire de nuit, le pic journalier d’activité de la grande majorité des espèces se situe entre 10h30 et 16h30, avec toutefois une basse d’activité durant les heures les plus chaudes, généralement entre 12h et 14 et surtout pendant le Carême. Pour ce qui est de les trouver, on l’aura compris, il suffit d’ouvrir l’œil aux abords des zones humides en tous genres. Et bien sûr, pour que le plaisir dure, ne les capturez pas mais contentez-vous de les observer ou de les photographier.

Texte et photos, toutes prises en Guadeloupe, du Siffleur d'Amérique, alias Thomas Delhotal.

Pour aller plus loin.

Afin de découvrir les libellules des Petites Antilles et contribuer à leur protection, vous pouvez vous rapprocher de la Société d’Histoire Naturelle L’Herminier http://www.shnlh.org/fr/. Nous vous recommandons également la lecture de l’ouvrage suivant, coécrit par son Président, François Meurgey, entomologiste au Muséum d’Histoire naturelle de Nantes, et Lionel Picard, spécialiste en biogéographie des Odonates des Antilles. La grande majorité des informations contenues dans cet article en sont issues.

Meurgey F. & Picard L., 2011. – Les Libellules des Antilles françaises. Biotope, Mèze (Collection Parthénope) ; Muséum national d’Histoire naturelle, Paris, 440 p.

Autres sources bibliographiques utilisées dans cet article.

Albouy V., 2010. Les insectes ont-ils un cerveau ? 200 clés pour comprendre les insectes. Editions Quae. Cemagref, Cirad, Ifremer, Inra. 200 p.

Cugno A., 2011. La libellule et le philosophe. Ed. L’iconoclaste, Paris. 181 p. (existe en format poche aux éditions Albin Miche, 2014)

Meurgey F., Poiron C., 2011. Libellules des Petites Antilles. Revue Espèces n°2.

Quelques sites proposant des photos de libellules (identifiées) des Antilles françaises.

30 juillet 2015 4 30 /07 /juillet /2015 21:31
Tête à tête entre Pterodroma hasitata et Adam Brown.

Tête à tête entre Pterodroma hasitata et Adam Brown.

"Cent fois sur le métier tu remettras ton ouvrage". Ce n'est pas moi qui le dis, mais le poète Nicolas Boileau. Toto-Bois l'eau ? 

 

Pas plus tard qu'il n'y a pas longtemps, je me demandais ce que nous pourrions bien vous offrir pour le centième article dans le blog du Toto-Bois. Je séchais un peu dois-je dire.

Eh bien voilà, j'ai trouvé. Nous vous offrons l'espoir !

L'espoir de retrouver un oiseau peut-être disparu de Guadeloupe. Une espèce emblématique, signe un peu diabolique, un peu poétique. Le Diablotin.

Toto-Bois, centième !

Peut-être avez-vous suivi nos tentatives pour retrouver ce petit Pétrel, qui n'a pas été signalé sur la terre de Guadeloupe depuis... plus de cent ans (hum, je dois vérifier le nombre exact d'années).

Quête du Graal, version 2007. Le nez de Pascal, au Nez Cassé.

Quête du Graal, version 2007. Le nez de Pascal, au Nez Cassé.

Jetez un oeil là-dessus. 

http://caribbeannewsservice.com/now/one-of-the-worlds-most-rare-seabirds-rediscovered-on-dominica/

 

Le scoop. La Dominique est à un jet de pierre. Beaucoup de points communs. Et voilà-ti pas qu'ils viennent d'y re-découvrir le diablotin après plus de 150 ans d'absence. L'oiseau était parfois entendu et observé en mer. Mais là, radar et jumelles infra-rouge ont permis de l'observer à terre. Reste à découvrir les lieux de nidification.

 

 

C'est pas demain la veille qu'ils sauront là où je crèche.

C'est pas demain la veille qu'ils sauront là où je crèche.

Je le déclare sollennelement ici. Très forte récompense (cotisation AEVA à vie, avec carte de membre originale et personnalisée) à qui apportera des éléments de preuve que le Diablotin n'a pas disparu de nos terres. Que les falaises du Nez Cassé peut-être peuvent encore l'héberger.

Certes il vous faudra du courage. Affronter les sentiers mal pavés, et pas éclairés. Tendre l'oreille. Supporter l'ondée et le froid de l'altitude. Et supporter surtout l'incertitude.

 

A bientôt. Pour le 101ème !

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